Réponse à la rectrice en visite au lycée Germaine Tillion : Non, les élèves de la voie pro ne sont pas de la chair à patron !

RÉPONSE À LA RECTRICE EN VISITE À GERMAINE TILLION : NON, LES ÉLÈVES DE LA VOIE PRO NE SONT PAS DE LA CHAIR À PATRON !

Suite à un article paru dans La Dépêche concernant la venue de la Rectrice de l'Académie de Montpellier au lycée Germaine Tillion de Castelnaudary pour y vendre la réforme du lycée professionnel, SUD éducation 11 tient à apporter son éclairage sur les tenants de cette réforme qui veut beaucoup de bien aux patrons, mais qui ne se soucie aucunement des intérêts des élèves de la voie professionnelle.

Comme l'indique l'article de la Dépêche, "ce lundi 11 septembre, la rectrice de l’académie de Montpellier et de la région Occitanie, Sophie Béjean, s’est rendue au lycée polyvalent Germaine Tillon pour annoncer l’ouverture des bureaux des entreprises. Une initiative saluée par le monde économique qui pourra répondre en partie aux problèmes de recrutement." La raison d'être de ce bureau ? permettre aux entreprises d'adapter les formations à leurs besoins du moment, et d'y trouver une main d'œuvre bon marché sous forme de stagiaires ou de néo-bachelier·ères afin de palier aux difficultés de recrutement... bref, tout sauf répondre à la mission essentielle du service public d'éducation : permettre à tout·es les élèves de recevoir une formation émancipatrice de qualité !

En effet, alors que la réforme de 2018 a déjà fait perdre 300h d'enseignement sur trois ans aux élèves, en terminale les élèves auront maintenant le choix entre "s'insérer sur le marché du travail après l'obtention de leur diplôme" (comme le dit le site de l'Éducation Nationale) ou poursuivre leurs études. Dans le premier cas, il est prévu de rallonger la durée de leur stage de 4 semaines, et pour "inciter" ces élèves largement issu·es des classes populaires à choisir cette première option si favorable au patronat, il est prévu de les indémniser une misère pendant leurs stages : de 1,4 € de l'heure pour les élèves de seconde professionnelle à 2,8 € de l’heure en terminale.

Ainsi, au lieu de lutter contre la précarité des élèves de la voie pro, le gouvernement l'entretient pour attirer les plus pauvres d'entre eux sur la voie du travail au détriment de la poursuite d'études. En plus, les stages sont loin d'être aussi formateurs que les enseignements dispensés par des professeur·es expérimenté·es !

On comprend donc bien les propos d'Olivier Giorgiucci, directeur d’établissement Eiffage Route et président de la Fédération régionale des travaux publics d’Occitanie, rapportés par la Dépêche : "Aujourd’hui, je bois du petit- lait". En effet, quand des entreprises peinent à recruter, la solution c'est de mieux payer les salarié·es et d'améliorer les conditions de travail... mais plus maintenant ! grâce à la réforme, une solution plus économique s'offre aux patrons, financée avec l'argent public : chercher dans nos lycées de la main d'œuvre bon marché, soit sous forme de stagiaires privé·es des droits permettant aux salarié·es de se défendre, soit sous forme de néo- bachelier·ères précaires forcé·es par le besoin à accepter le premier emploi venu. Mais les lycéen·nes de la voie professionnelle n'ont pas vocation à accepter de faire le travail dont leurs aîné·es ne veulent pas. Celles et ceux qui au terme de leur formation secondaire ou supérieure seront des travailleuses et des travailleurs n'ont aucun intérêt à contribuer, contre leur volonté, à rendre aujourd'hui moins attractifs leurs futurs emplois.

"Je suis convaincue que la relation entre l’entreprise et l’école est essentielle pour l’avenir de la jeunesse", dit la Rectrice dans la Dépêche. Comment peut-on sérieusement penser que l'avenir de la jeunesse, et notamment de sa partie la plus pauvre, ce soit de la jeter le plus vite possible entre les mains de patrons rapaces qui feront tout leur possible pour les maintenir dans la précarité ? Patrons, hors de nos lycées !

Le 17/09/23, à Castelnaudary